lundi 28 janvier 2013

Ça tourne !


Ça tourne !

Mercredi 23 janvier, 6h du matin : celui que l’on n’attendait plus est en vue à l’entrée de la passe du Lion. L’Astrolabe est enfin de retour après 3 semaines d’attente. Ces derniers-jours, les spéculations allaient bon train quant à une arrivée possible ou non du bateau et les conséquences induites.

Une base polaire comme celle de Dumont D’Urville fonctionne grâce à des ravitaillements en vivres et en fuel. Chaque année, quatre ravitaillements sont prévus, courant de novembre à février. Si une rotation vient à sauter, cela remet en cause l’organisation de la vie sur la base. Le bateau n’arrivant pas, nous en sommes arrivés au point, où il a fallu céder de la nourriture pour approvisionner l’autre base franco-italienne de Concordia. Nous sommes rentrés en phase de rationnement en quelque sorte. Le mot peut faire peur mais pas de panique tout de même, nous n’en étions pas à sucer de la glace et à ronger les os des manchots ad patres que les skuas dénigrent. Simplement, les salsifis en boîte avaient pris le dessus sur les légumes frais.

Cette année semble être assez exceptionnelle en terme de condition de glace au large de DDU. En effet, si nous jouïssons actuellement d’une grande polynie (zone d’eau libre) devant la base, le pack sévit à environ cent kilomètres de la côte, agissant comme un véritable bouclier de protection. La difficulté pour l’Astrolabe est alors de parvenir à se frayer un chemin dans ce dédale de glace. La peinture écaillée à la proue du navire témoigne d’ailleurs de l’âpre combat mené par ce dernier pour se frayer un passage à travers le pack.  

Une rotation est toujours un moment particulier. Toutes les habitudes que vous aviez sont chamboulées. Une effervescence s’empare de la base. Il faut décharger le navire de ses vivres, de son carburant, de ses passagers, et il faut faire vite. Le pack, ayant relâché momentanément son étreinte, peut à tout moment se refermer à nouveau et ainsi barrer une nouvelle fois la route menant à Hobart. Les partants s’affairent de leurs côtés à rassembler leurs effets personnels, non sans quelques émotions.  Avec le départ du bateau, une journée seulement après son arrivée, je récupère une chambre, seul. Tout est allé si vite. Je peux enfin m’installer et agrémenter ces 4 murs blancs de quelques couleurs. Après presque trois mois ici, c’est le moment pour moi de déballer mes affaires et de découvrir ma malle aux trésors ! Vous n’imaginez pas combien la découverte de ces quelques surprises m’ont fait du bien, et parfois fait rire. Alors, un grand merci à vous tous. 

samedi 12 janvier 2013

Alerte à DDU beach


Dimanche 06 janvier 2012, au sud du globe :

Température extérieure : 2,5°c
Température de l’eau :  -1°c
Epreuve : Immersion et tentative de brasses dans une eau glacée pendant plus de 30 secondes
Résultat : Admis
Commentaire : Ca pique fort !!!








vendredi 4 janvier 2013

2013


2012 n’est plus. Les adéliens que nous sommes lui ont rendu hommage tout comme vous en cette fin d’année. Peut-être même davantage. DDU a mis les petits plats dans les grands pour l’occasion : champagne, saumon, vin blanc, foie gras, vin rouge (français et en bouteille !), langouste, vin rouge, viande et gratin, vin rouge, fromage, bûche et ... aspirine et salle de sport!
La terre adélie s’est donc mue en terre à délices gustatifs!
A l’occasion de ces fêtes annuelles, je me suis revu il y a un an, festoyant avec quelques acolytes servanais, dans un fameux troquet du quartier (dont je tairais le nom, qui est une espèce de résineux rimant avec « à l’aise ») pour célébrer l’arrivée de 2012, à mille lieux de me douter de ce qui m’attendait. C’était hier. Si hier, quelqu’un m’avait dit que je passerais la nouvelle année 2013 en Antarctique... Et pourtant!
Qui sait où vous serez dans un an.

En ce début d’année 2013, le terrain de jeu a changé. La banquise a pris ses quartiers d’été et déserte inexorablement la zone. Les quelques plaques récalcitrantes qui se refusent encore à nous quitter, sont désormais semblables à des morceaux de gruyère en suspension dans un verre d’eau (si tant est qu’ils flottent). Il devient dès lors hasardeux de s’aventurer sur les quelques îlots encore cerclés de glace. Ajoutez à cela, une fine pellicule de neige qui vient masquer de manière fourbe et sournoise les trous, fissures et autres crevasses, qui n’attendent qu’une chose, vous avaler le pied ou même un peu plus. Les températures « caniculaires » des derniers jours n’ont rien arrangé à l’affaire.

Paradoxallement, alors que nous sommes presque totalement  libres de glace, un pack dense et épais sévit au large de DDU. Il a ainsi retenu l’Astrolabe en otage pendant près de 3 semaines, sans que celui-ci ne puisse ni progresser ni rebrousser chemin, mettant les nerfs de ses passagers (hivernants sortants pressés de retrouver la « vraie » vie) à rude épreuve. Ce fâcheux contre-temps a eu pour effet direct d’annuler purement et simplement la campagne océanographique initialement prévue en janvier. La vie polaire est pleine d’imprévus.

Plus de banquise, plus de campagne océanographique, soit... qu’il en soit ainsi. DDU a de la ressource : une barge de 12m semblable dans la forme, à celle utilisée lors du débarquement en Normandie, le sea-truck. Alors, depuis début janvier et ce jusque fin février, mon travail s’effectue quotidiennement ou presque depuis cette embarcation, navigant entre les bergs à proximité de la base. Dès le mois de mars, la banquise reviendra prendre ses quartiers d’hiver ressemblant alors, au plus fort de la saison, a un bon camembert bien ferme.  

Merci à Guillaume pour les photos