lundi 26 novembre 2012

L’île des Pétrels, la mal nommée


L’île des Pétrels, la mal nommée
La base française antarctique Dumont D’Urville est située sur une île : l’île des Pétrels, un petit caillou de 500m sur 700m, à proximité du continent. Cette île, accompagnée de nombreux îlots, forme l’archipel de la pointe Géologie .  Au siècle précédent, lorsque l’Homme est arrivé, l’île accueillait une colonie importante de pétrels géants, un oiseau marin d’envergure et au bec puissant. Aujourd’hui, le pétrel a disparu de son île, et on ne dénombre plus qu’une dizaine de couples de cette espèce sur un îlot voisin. Le mont des Géants, promontoire rocheux où jadis les pétrels jouïssaient d’une aire d’envol est aujourd’hui déserté.  L’arrivée et l’implantation de l’Homme a semble-t-il été néfaste pour cet oiseau.

D’autres au contraire, ne semblent pas perturbés outre mesure. Il s’agit des manchots adélie, présents en grand nombre sur l’île : environ 15 000 couples reviennent chaque année pour pondre  parmi la « cohue » estivale de la base. En cette période, l’île est donc une sorte de grande colocation : envrion 80 personnes cohabitent avec près de 30 000 manchots. Cette promiscuité n’est pas sans susciter quelques désagréments dans les deux camps. Les nuisances respectives sont de nature différente : lorsque les manchots nous incommodent avec leurs olfactives déjections (olfactives étant un doux euphémisme) et leurs bruyantes sérénades sous les fenêtres du dortoir, nous les stressons très certainement avec nos incessants va-et-viens en engins chenillés ou volant. Pourtant cette cohabitation se maintient depuis plus de 60 ans. Les adélies sont partout sur l’île ou presque : depuis les promontoires rocheux jusque sous les bâtiments. Ils sont ici chez eux et nous le font fièrement ressentir.  Le manchot adélie est petit comparé à l’empereur ; il ne dépasse pas 6-7 kg quand l’empereur peut en atteindre 40. Mais l’adélie est fier, téméraire et féroce au combat. La femelle pond généralement deux oeufs sur un nid de cailloux. Chaque caillou est précieux pour l’adélie et il n’est pas rare d’assister à des vols de cailloux dans les nids voisins, occasionnant alors de violentes représailles. Le plumage maculé de sang de certains d’entre eux témoigne de l’efficacité et de l’intensité des coups de bec et d’ailerons. Les manchots adélie ne sont pas des résidants permanents de l’île. Ils arrivent généralement fin octobre et repartent en février-mars après s’être reproduit.

Ils sont comme nous, ils ne sont que de passage sur l’île des Pétrels.




mercredi 21 novembre 2012

mail

Bonjour à tous,
il y avait une petite erreur dans la rubrique "me contacter".
Mon adresse mail à l'autre bout du monde est:

tnebout@ddu.ipev.fr 

lundi 19 novembre 2012

Photos manip












Le pêcheur de DDU


Vous lisez ces quelques lignes, vous savez donc que je suis parti en Antarctique pour plus d’une année. En revanche, savez-vous ce que je suis parti y faire concrètement ? Vous savez peut-être que je suis le biologiste marin de Dumont D’Urville. Bon, mais une fois qu’on a dit ça, on a tout et rien dit à la fois. Une brève description de mon travail s’avère donc nécessaire.

J’ai été recruté pour travailler sur deux programmes de recherche :

- REVOLTA (acronyme de Radiations EVOLutives en Terre Adélie). L’idée de ce programme est de réaliser un inventaire de la faune marine benthique de l’archipel de Pointe Géologie. Benthique ? Mais qu’est-ce donc ? Ce terme désigne la faune qui vit en étroite relation avec le fond des mers. Il s’agit par exemple des étoiles de mer, des oursins, des crabes et certains poissons de fond.  A l’inverse, on parle de pélagique pour les organismes vivant dans la colonne d’eau : les méduses, le plancton, certains poissons, les mammifères marins...
Un inventaire pour, d’une part, connaître ce qui vit dans ces mers froides (-1,5°c) et d’autre part, comprendre comment ces espèces se sont diversifiées, à quel rythme. Différentes techniques de laboratoire sont ensuite déployées : de la génétique des populations, de la biologie moléculaire... Certains specimens sont conservés dans de l’alcool en vue d’alimenter les collections du Museum National d’Histoire Naturelle à Paris.
Pour mener à bien cet inventaire, je vais être amené à utiliser  toute sorte d’engins de prélèvements : chalut à perche, filet trémail, nasses, benne, drague et même la canne à pêche !
Je suis donc le pêcheur de DDU.
Durant l’été, à partir de janvier, je travaillerai depuis une embarcation, le seatruck. En hiver, la banquise est formée. Il y a actuellement 1,40m d’épaisseur de glace. Mais alors, comment faire pour pêcher me direz-vous ! Et bien tout simplement en faisant un trou dans la glace pour avoir accès à l’eau libre et ainsi continuer à effectuer des prélèvements. Une fois celui-ci fait, il faut l’entretenir régulièrement afin d’éviter qu’il ne regèle. On peut également continuer à pêcher depuis les « rivières » qui se forment lors de l’écartement des plaques de banquise. Il faut alors être prudent, car l’épaisseur de la banquise aux abords de l’eau est très faible.

- ICELIPIDS (pas d’acronyme juste de l’anglais). Il s’agit ici de suivre les variations de concentrations de biomarqueurs lipidiques (produits par le phytoplancton) en fonction des paramètres environnementaux : l’épaisseur de la banquise, la température de l’eau...Le phytoplancton étant la base de la chaîne alimentaire en milieu marin, l’idée est de suivre le transfert de ces biomarqueurs aux autres organismes (zooplancton, invertébrés, poissons). Sur le terrain, je réalise des carottages de glace, des prélèvements d’eau, des traits de filets à plancton. Tout ceci est ensuite analysé au laboratoire.

Pour chacun de ces deux programmes, le travail se scinde donc en deux étapes : une partie de terrain (en foncion des conditions météo) et une partie en laboratoire où l’on traite et conditionne les échantillons pour une exploitation ultérieure.

dimanche 11 novembre 2012

Premiers pas sur la banquise










Le jour du débarquement

-->
Le jour du débarquement
Jeudi 08 novembre 2012. L’Astrolabe ne progresse plus, une fois de plus. Mais aujourd’hui, quelque chose a changé dans le décor. Terre en vue ! Un petit caillou agrémenté d’un mât apparaît au loin depuis la passerelle. Dumont D’Urville est là, devant nous.

Après avoir quitté la France le 21 octobre, le voyage touche à sa fin. Nous sommes enfin arrivés à destination. Un long voyage. Un riche voyage.

L’information est alors donnée : « Tenez vous prêt à débarquer en début d’après midi ». Tout le monde semble accorder du crédit à l’information. L’excitation est palpable. Enfin, après 16 jours de mer, nous allons fouler la terre ferme. Les premiers vols débutent. Les passagers quittent progressivement le navire par lot de 3. Je suis sur la quatrième rotation. J’attends  équipé, prêt à vivre mon premier vol en hélicoptère. Mon tour arrive. Nous ne sommes qu’à une dizaine de kilomètres de la base. Le vol ne dure que quelques minutes. Tout va très vite, trop vite. Le décor est grandiose, irréel. Mais où suis-je ? L’hélicoptère se pose, la porte s’ouvre et ça y est, je foule l’île des Pétrels, ma demeure pour les prochains mois à venir. 

Les hivernants de la TA62 sont là pour nous accueillir chaleureusement. J’ai un peu l’impression d’être un invité chez des hôtes. Nous sommes les prochains locataires de ce caillou. Ils n’ont vu aucun nouveau visage depuis mars dernier et semblent heureux de nous découvrir,  à moins que ce bonheur affiché ne soit plutôt lié aux fruits frais et au courrier qu’on leur apporte !

-->
Mon dortoir pour l’été



L'Astrolabe